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Travail et canicule : quand le thermomètre grimpe, les responsabilités des employeurs aussi 

Date de publication : 04.07.25

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De nouvelles règles entrent en vigueur à compter du 1er juillet 2025 pour garantir la sécurité des salariés face à la montée des températures.

Tout employeur, quels que soient son effectif et son secteur d’activité, doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la santé et la sécurité de ses salariés. Ainsi, alors que les températures franchissent la barre des 40 °C dans certaines régions et que plusieurs départements sont en vigilance orange ou rouge, la question de la prévention des risques liés à la chaleur au travail devient incontournable.

Pour y répondre, le gouvernement a choisi de renforcer le cadre réglementaire en instaurant, via un décret et un arrêté publiés en juin 2025, de nouvelles obligations concrètes à la charge des employeurs pour mieux protéger leurs salariés en période de fortes chaleurs.

Une évolution législative qui rappelle l’impératif d’anticipation et de prévention face aux épisodes de canicule de plus en plus fréquents.

Des mesures qui s’imposent, en intérieur comme en extérieur

Face à l’intensification des vagues de chaleur, le gouvernement impose désormais aux employeurs de prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité des travailleurs exposés. Il ne s’agit plus seulement de recommandations, mais d’obligations encadrées par les textes, applicables depuis le 1er juillet 2025.

Les entreprises doivent ainsi agir sur plusieurs leviers :

  • Réduction de l’exposition (par des horaires aménagés ou des procédés de travail alternatifs),
  • Amélioration des conditions de travail (ventilation, dispositifs de rafraîchissement),
  • Renforcement de l’accès à l’eau potable, mais également à l’eau fraîche, à proximité des zones de travail,
  • Fourniture d’équipements adaptés,
  • Et enfin, formation des salariés aux bonnes pratiques en cas de fortes chaleurs.

Certaines entreprises choisissent d’aller plus loin que le strict cadre légal, en généralisant le télétravail lors des pics de chaleur ou en fermant temporairement les sites les plus exposés. Ces initiatives illustrent une prise de conscience croissante face aux effets du dérèglement climatique sur les conditions de travail.

Du côté des salariés travaillant en extérieur (dans le BTP, l’agriculture ou la voirie, par exemple) les risques sont encore plus élevés. Il est, dans ce cas, prévu des obligations spécifiques :

  • Accès à trois litres d’eau fraîche par jour et par personne,
  • Mise à disposition d’un abri ou d’un local de repos à l’ombre,
  • Organisation du travail pour limiter l’exposition aux heures les plus chaudes.

Etant rappelé que, depuis l’été 2024, une avancée majeure est venue reconnaître les épisodes de canicule comme des intempéries dans le secteur du BTP. Résultat : lorsque Météo France publie une alerte de vigilance canicule de niveau orange ou rouge, les entreprises peuvent désormais activer le dispositif d’activité partielle, la poursuite des chantiers étant alors considérée comme dangereuse.

Quelle incidence sur la liberté vestimentaire des salariés : le port du short ou du débardeur est-il possible ?

Quand le thermomètre s’envole, l’envie de s’habiller plus léger devient plus forte que jamais. Mais attention, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le droit au short ou au débardeur n’est pas automatique. L’employeur reste libre de fixer des règles vestimentaires, notamment pour des raisons de sécurité ou d’image.

Toutefois, ces restrictions doivent être justifiées et proportionnées. Interdire le bermuda pour préserver la crédibilité commerciale peut être jugé légitime (comme l’a reconnu la justice en 2007). Mais certaines entreprises choisissent d’évoluer avec leur temps : la RATP, par exemple, a autorisé des tenues estivales adaptées pour ses conducteurs ex : pantalons transformables, jupes ou bermudas.

En résumé : adapter la tenue au climat est possible, mais cela ne doit pas compromettre ni la sécurité des salariés, ni l’activité ou l’image de l’entreprise. Et si un code vestimentaire existe, il peut cependant être repensé lorsque la canicule devient un risque professionnel.

L’employeur doit s’adapter aux niveaux d’alerte météo

L’ensemble de ces démarches doit s’adapter au niveau de vigilance météo, qu’il soit jaune, orange ou rouge. L’exigence de protection devient progressive, mais incontournable.

En effet, l’arrêté du 27 mai 2025 définit plusieurs seuils de vigilance météorologique fixés par Météo-France :

Niveau de vigilanceSignification
🟢Surveillance saisonnière, sans vigilance particulière.
🟡Pic de chaleur sur une période de 1 à 2 jours présentant un risque pour la santé humaine en raison des conditions de travail ou de leur activité physique.
🟠Période de canicule, avec des chaleurs intense et durables susceptibles de constituer un risque sanitaire pour l’ensemble de la population exposée.
🔴Période de canicule extrême, exceptionnelle par sa durée, son intensité, son ampleur géographique qui présente un fort impact sanitaire pour l’ensemble de la population ou qui pourrait entraîner l’apparition d’effets collatéraux de continuité d’activité.

Dès la vigilance jaune, l’entreprise doit adapter son organisation : horaires allégés, tâches pénibles suspendues, temps de repos rallongés.

En vigilance orange ou rouge, le niveau d’exigence monte d’un cran. L’employeur doit réévaluer chaque jour les risques en tenant compte :

  • de la température et de son évolution,
  • du type d’activité (surtout en extérieur),
  • de l’état de santé et de l’âge des salariés.

Et cette évaluation ne reste pas théorique. Elle doit se traduire par des aménagements immédiats pour garantir la sécurité : charge de travail, planning et poste de travail, tout peut (et doit) être revu.

De l’obligation d’anticiper et de formaliser la prévention dans le DUERP

On ne peut plus se contenter d’actions ponctuelles et improvisées. La prévention des risques liés aux fortes chaleurs doit désormais être pensée dans la durée, structurée, et surtout… formalisée.

Le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), obligatoire dans toutes les entreprises quel que soit leur effectif, constitue le socle de la stratégie de prévention. Il doit désormais intégrer explicitement les risques liés aux vagues de chaleur, en tenant compte des situations de travail et des publics particulièrement exposés.

👉 Si le document existe déjà, il est urgent de le mettre à jour pour y intégrer les obligations introduites par les nouveaux textes.

👉 S’il n’a pas encore été rédigé, sa création devient prioritaire, non seulement pour se conformer aux règles, mais aussi pour protéger la santé des équipes.

Un DUERP bien conçu, c’est plus qu’un document administratif, c’est un levier d’actions : ajustement des horaires, accès facilité à l’eau fraîche, amélioration des postes, équipements adaptés… Et avec des contrôles renforcés de l’inspection du travail, il devient aussi un rempart juridique pour les employeurs.

À propos de L'auteur

Alexandra Clerc

Manager Conseil Social

Au sein de la Direction Marché Conseil Social et Paie chez In Extenso, Alexandra a notamment pour mission d’assurer une veille technique et réglementaire principalement dans le domaine du conseil social.

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