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Interview

L’après COVID-19, les banques peuvent-elles encore financer les projets de création et reprise d’entreprises ?

Date de publication : 10.06.20

Coronavirus - covid-19Création d'entrepriseGestion | PilotageCréateur

Le COVID-19 est au cœur de notre actualité depuis maintenant plusieurs mois. Bien que les médias s’attachent à établir un diagnostic de son impact sur notre économie, qu’en est-il vraiment dans la réalité ?

Sylvère BROST, Animateur National Point C – In Extenso, a interrogé deux banquiers professionnels : Cécile COLIN, Chargée de Développement Marché Professionnels et Associations au Crédit Agricole Atlantique Vendée et Jean-Hugues LE MAUR, Animateur Marché des Professionnels au Crédit Mutuel (CMLACO).

Comment s’est déroulé le confinement ? Comment vos équipes se sont organisées ? 

Cette période de confinement aura vu nos habitudes et notre façon de travailler être bousculées. Les entreprises ont dû s’adapter et faire preuve d’imagination afin de continuer à exercer leur activité. Le Crédit Mutuel et le Crédit Agricole n’ont pas échappé à cette situation. Dans les deux cas, le télétravail a été plébiscité avec néanmoins un système de roulement mis en place au sein des agences. Les rendez-vous clients en physique se tenaient uniquement en cas d’urgence. Ces contraintes ont incité les banques à s’adapter et à promouvoir la digitalisation. Le Crédit Mutuel a développé depuis plusieurs années maintenant des outils de Banque à distance, tels que la signature électronique des contrats, la e-déclaration de santé sur l’assurance emprunteur…

« Le confinement a contribué à nous faire avancer sur l’appropriation de nos outils digitaux que ce soit pour nous ou pour nos clients » nous indique M. Le Maur.

Le Crédit Agricole a par exemple créé une plateforme avec comme intermédiaire d’anciens conseillers professionnels pour répondre aux questions des clients (en plus des conseillers en poste). Le but étant d’assurer la présence d’un conseiller pour répondre à toutes les interrogations.

Quels impacts cela a eus sur votre activité ?

Grâce à ces mesures, l’activité bancaire sur le marché des professionnels a été dense. Par exemple, plus de 2 000 Prêts Garantis par l’Etat (PGE) ont été montés par le Crédit Mutuel Loire Atlantique (CM) et du Centre Ouest à fin Mai, et 2 200 par le Crédit Agricole (CA). Une partie de ces PGE concernaient des Cafés Hôtels Restaurants au CM et la majorité de ceux réalisés au CA concernait des artisans. Une large majorité  de ces dossiers ont été couverts par une assurance emprunteur. Le taux de refus des Prêts Garantis par l’Etat est très bas (moins de 4% pour le CM et 3% pour le CA). M. Le Maur viendra conclure cette période de confinement en ajoutant : « Suite à la crise de 2008, les banques françaises ont renforcé leurs fonds propres. De ce fait, elles étaient mieux armées quand a surgi la crise du Covid 19 ».

A lire : Quels sont les dispositifs d’aide à la création et à la reprise d’entreprise ?

Cet événement aura entraîné un certain nombre de répercussions sur les relations entre les professionnels et leurs partenaires bancaires. La première étant un déclin de l’utilisation des chèques et espèces. Le Crédit Mutuel a mis en avant des solutions permettant aux clients professionnels d’encaisser à distance comme Pay Pro ou Lyf Pro. « Et je pense que nous allons aller vers un changement durable sur ce point » souligne M. Le Maur.

Mme Cécile COLIN du Crédit Agricole

Mme Colin insiste sur le fait qu’il faille accompagner les clients dans ce sens :

« Pour qu’ils puissent à la fois, s’il y a reconfinement, continuer leur activité, ou juste proposer un nouveau service à leurs clients ».

Seconde répercussion constatée suite au confinement : le consommer local. Le Crédit Agricole a notamment mis en place un site internet afin de favoriser le commerce de proximité. Vous pouvez retrouver cette plateforme d’entraide pour les particuliers, les professionnels et les associations à l’adresse suivante : jaimemonterritoire

Avez-vous repris le travail en agence ? Si oui, sur quel rythme ? Quelle disposition avez-vous pris ? Redoutez-vous une période compliquée pour l’entrepreneuriat ?

Depuis le 11 mai, les agences ont donc peu à peu réouvert. Les recommandations sanitaires ont été respectées avec notamment le port du masque obligatoire et la présence de deux personnes maximum par bureau. Les rendez-vous sont, si possible, maintenus par téléphone ou par visio. Nos interlocuteurs s’accordent à dire que l’activité ne reviendra pas à la normale avant septembre 2020. Les banques constatent que le tourisme, les Cafés Hôtels Restaurants et les entreprises d’événementiel seront les plus touchés. Parallèlement certaines entreprises ont vu leur chiffre d’affaires croître et certaines activités tels que les coiffeurs, fleuristes, garagistes devraient retrouver une activité normale rapidement en fonction des directives annoncées pour juin. Cécile COLIN nous fait part de son optimisme : « Il faudra surtout bien les accompagner dans 1 an quand il faudra rembourser le Prêt Garantis par l’Etat (…) Nous avons un territoire plutôt sain, dynamique et avec une belle entraide qui va favoriser la reprise de l’activité. »

Avez-vous des nouvelles attentes concernant les projets de création/reprise que vous allez recevoir ? (critère de sélection, budget attribué…)

Pour ce qui est du financement des projets de création et reprise d’entreprises, M. Le Maur confirme que les banques restent à l’écoute : « Le nombre de dossiers de création reçu depuis début mars est en baisse, pourtant les banques sont toujours présentes pour les recevoir et les étudier ». Par ailleurs, les pouvoirs de délégation des différents intervenants non pas été modifiés. Les propos de Mme Colin viennent d’ailleurs appuyer cela : « Les critères ne changent pas, il faut néanmoins prendre en compte les changements (mode de consommation, mode de déplacements…) résultant de la crise sanitaire ». En somme, il faudra être attentif au contexte économique actuel dans l’élaboration de votre dossier (par exemple en pensant, dès le début de la création, au digital). Les banques, seront certainement davantage exigeantes sur la solidité financière du porteur de projet et sur son profil : « avoir une âme d’entrepreneur et la capacité à être chef d’entreprise » nous explique Monsieur Le Maur.

« Il faut continuer à nous envoyer vos dossiers. Notre objectif est encore et toujours d’accompagner la création et la reprise sur le territoire » ajoute Monsieur Le Maur. 

Il est important de préciser que l’attribution du Prêt Garantis par l’Etat n’affecte pas le budget des aides financières dédiées aux créateurs/repreneurs. En effet, l’Etat favorise l’entrepreneuriat. Selon Monsieur Le Maur : « Dans le contexte actuel, il y a une volonté des pouvoirs publics et des banques de prêter. Régulièrement les acteurs (Ministère des Finances, la Fédération Bancaire Française et les Banques) se retrouvent pour avoir une réponse commune quant à leur participation à la bonne marche de l’économie d’un point de vue financier ». 

Si vous deviez dire un mot pour motiver nos entrepreneurs, quels seraient-ils ?

 « Nous sommes dans une belle région, les banques sont solides, elles jouent leur rôle et on va continuer à accompagner l’économie locale » assure Cécile COLIN. Et il est important de rappeler que le Crédit Agricole sait accompagner ses clients, notamment lors des crises agricoles.

« Je pense qu’il faut poursuivre ! Un porteur de projet qui a une idée, qui a travaillé son dossier, tiendra compte naturellement de l’environnement actuel. Mais je ne pense pas que ses démarches doivent être suspendues à cause de ce contexte. Il va falloir oser !  » conclut Jean-Hugues LE MAUR.

Créateurs, repreneurs d’entreprise vous l’aurez compris votre projet a toutes ses chances. Les délais de traitement des dossiers ne sont pas rallongés et les prêts sont toujours étudiés.

A propos de L'auteur

Sylvère Brost

Conseiller en création et reprise d'entreprise

Depuis 2014, Sylvère est spécialisé dans l’accompagnement à la création ou à la reprise d’entreprise chez Point C.

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Bonjour je me permets de laisser un commentaire sur votre article ,je suis exactement dans ce contexte creation d entreprise en franchise ,demande de pret de 45000 euros et 15000 euros d apport de 25 % aupres de ma banque qui connait bien ma situation financiere,avec un dossier et argument tres complet DIP,BP ET ETUDE DE MARCHE,local, recrutement et prospection faites avec des clients potentiellement interessé par mon concept et retour de ma banque cette semaine apres le discours de notre ministre de la santé dut au covid 19 ,ne donne pas suite pour le moment ca c est le premier argument ,deuxieme argument pas d experience dans ce domaine c est une reconversion avec formation continue et troisieme argument pas assez d apport la je lui ai dit si c ete que ca vous connaissais mes comptes je n ai meme pas besoin de faire un emprunt mais je prefere avoir recours a un pret et de garder une marge avec mon restant d epargne voila certaines banques jouent le jeu et d autre sont frileuse ou n osent pas
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